L’annonce a fait l’effet d’une bombe ! 4 mois à peine après le rachat du duo Ascoval/Hayange par le groupe allemand Saarstahl, ce dernier a menacé la semaine dernière de délocaliser en Allemagne 40% de la production du site.
Raison évoquée : l’augmentation du coût de l’énergie en France, notamment la flambée sur l’électricité. Il était question de ramener une partie de la production d’Ascoval (four électrique) vers les usines allemandes de Saarstahl (production par les hauts fourneaux au charbon). Chacun jugera de cette ineptie, à la sortie de la COP26. Les syndicats du site ont rapidement sonné l’alerte, et menacé d’un mouvement de grève. Suite à des pourparlers entre le ministère de l’économie et la direction de Saarstahl, des contreparties ont visiblement été promises et le sidérurgiste allemand est revenu sur son projet. Ceci étant, on a senti un gouvernement fébrile, avec des premiers mots inquiétants : « une délocalisation temporaire n’a rien de définitif », complétés par « il y a possibilité de mettre en place du chômage partiel pour les salariés d’Ascoval ».
Il est clair que le dossier Ascoval est un sujet emblématique de la désindustrialisation dans le pays. Il aura fallu une mobilisation exemplaire et durable des salariés pour assurer l’avenir d’une des aciéries électriques les plus modernes d’Europe, contraignant le gouvernement à agir pour éviter un deuxième Florange. Rappelons pour l’anecdote que la secrétaire d’Etat à l’Industrie montait dans le Nord en 2018 pour annoncer la fermeture du site ! Les salariés en ont ras le bol de ces rebondissements. Ils veulent de la stabilité et une vision sur le moyen/long terme. C’est le cas malheureusement de nombreux sites de la sidérurgie en France. Les gros enjeux sont la relance de l’investissement, la réponse aux besoins dans l’industrie, le renforcement des compétences et des conditions sociales des salariés.
Les menaces actuelles sur l’avenir de nos entités Vallourec (dont celles qui côtoient l’aciérie d’Ascoval dans le Nord), face à une stratégie de délocalisation hors Europe assumée par le groupe, démontrent l’urgence du moment. Rappelons que c’est Emmanuel Macron, ministre de l’économie à l’époque, qui renflouait le capital de Vallourec en 2016, tandis que ce dernier fermait, « en même temps », des lignes de production en France et investissait en Chine !
Il y a les mots, les interventions à la petite semaine du gouvernement, mais il nous faut autre chose, puisque rien n’est garanti. La CGT réclame depuis des années la maitrise publique d’une filière ACIER reconnue stratégique à notre industrie. La crise des composants dans le secteur Auto doit nous donner des leçons : quid de l’approvisionnement en acier de notre industrie si nous laissons délocaliser sa production ?
Des ruptures d’approvisionnement et des prix qui flambent ? D’autres disfonctionnements de notre industrie nous pendent au nez si nous laissons faire, tandis que la demande d’acier est croissante. Le sous-investissement très inquiétant du groupe ArcelorMittal (acteur sidérurgiste dominant en France) dans ses usines françaises et européennes ne fait que confirmer cette crise, liée aux stratégies financières de cours terme des multinationales du secteur.
Les salariés de la sidérurgie seront particulièrement impliqués dans la journée d’action métallurgie de ce jeudi 25 novembre, à l’appel de la CGT, et dans la manifestation à Paris. Il y sera question de rappeler l’importance de cette filière et de contrer l’UIMM face à sa tentative de réduction des rémunérations et garanties collectives dans nos métiers de la métallurgie.