C’est ce que possèdent les 500 familles les plus riches de France. Leurs fortunes ont doublé avec Macron et représentent deux fois et demie le budget national. Le parti du président, allié à la droite et l’extrême droite refuse de taxer les profiteurs de la crise, qui permettrait de soulager celles et ceux qui la subissent.
Une loi de protection du pouvoir d’achat ?
Comme toujours dans la novlangue libérale l’étiquette prometteuse d’un paquet cadeau vise à masquer un contenu qui n’a rien d’un cadeau. Tout comme un Plan de Sauvegarde de l’Emploi annonce en réalité des suppressions d’emploi, le « paquet pouvoir d’achat » censé protéger salariés et retraités contre la hausse des prix entérine la perte de leur pouvoir d’achat.
Pas de revalorisation du SMIC au-delà du dispositif d’indexation sur l’inflation. Les pensions de retraite, revalorisées de 1,1 % au 1er janvier 2022 au titre de 2021, sont augmentées de 4 % à compter du 1er juillet mais créditées le 6 septembre seulement. Mais il s’agit uniquement de la pension de base, aucune augmentation des retraités complémentaires, qui représentent entre 30 et 50 % des revenus d’un retraité, n’est pour l’instant pas envisagée. Nous sommes loin d’une indexation sur l’inflation que l’on évalue à 7 % minimum et plus encore d’un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat qui, cumulées depuis 10 ans équivalent à 1 mois de pension en moins par an !
Détournement des richesses du pays
Si les salariés et les retraités subissent la hausse des prix des produits et services essentiels, il est une minorité qui a largement profité de la crise sanitaire et qui compte bien spéculer sur les effets de cette crise et ceux de la guerre en Ukraine.
Le plan de relance de septembre 2020, le fameux « quoiqu’il en coûte » a octroyé 100 milliards d’euros aux entreprises, l’Etat se substituant financièrement à elles pour maintenir la production et l’emploi partiel. Le maintien de l’activité, de l’alimentation de la population, de l’accès aux soins malgré le démantèlement de l’hôpital public ne doivent rien au CAC 40 ni au Medef mais bien aux contribuables et aux salariés de ces entreprises et services publics.
C’est ce qui a permis de retrouver en 2021 un taux de croissance de 7 %, un record depuis 52 ans, rattrapant presque le recul de 7,8 % de 2020. Mais ce rebond de la croissance n’a pas profité à tout le monde, une fois de plus les actionnaires les plus riches et les dirigeants des grandes sociétés se sont taillé la part du glouton. Au détriment de l’investissement, des salaires et des pensions.
C’est ainsi que les entreprises du CAC 40, qui ont bénéficié des aides de l’Etat à hauteur de 140 milliards, ont vu l’indice-phare de la Bourse de Paris franchir pour la première fois de son histoire le seuil des 7 000 points en novembre 2021.
Car les aides distribuées au nom de la sauvegarde de l’emploi et de l’activité l’ont été sans engagement de la part des entreprises. Au point qu’une note de l’ODM (Observatoire des multinationales) relève que « Certains des groupes les plus aidés du CAC 40 sont aussi ceux qui suppriment le plus d’emplois et gâtent le plus leurs patrons et actionnaires ».
Au total, la distribution des dividendes a dépassé 80 milliards d’euros en 2021, au moment même où le pays se relevait péniblement de la crise du Covid…
Pendant les 19 mois de la crise sanitaire, les milliardaires Français ont augmenté leurs fortunes de 236 milliards, autant que pendant les dix dernières années. La rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 a cru de 40 à 90 % en deux ans. Total à lui seul a engrangé 17 milliards de profits en 2021 et le « salaire » de son PDG a augmenté de 52 %.
Depuis le début de la crise sanitaire, les cinq premières fortunes du pays ont doublé leur richesse, possédant désormais à elles seules autant que les 40 % les plus pauvres en France. Alors que près de 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France.
Juste et indispensable : taxer les profiteurs de crise
Durant la première guerre mondiale, le gouvernement de l’époque sous la pression d’une opinion publique scandalisée par l’enrichissement éhonté des profiteurs de guerre, avait dû établir une contribution sur les bénéfices de guerre. Au lendemain de la seconde guerre mondiale le gouvernement issu de la Résistance avait sévèrement sanctionné les entreprises qui s’étaient enrichies en collaborant de surcroît avec l’occupant nazi.
Il serait de la plus élémentaire des justices d’imposer à hauteur de besoin une contribution des plus riches et les entreprises qui ont vu leurs profits prospérer ces dernières années.
Face à l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique, le gouvernement s’obstine à refuser de taxer les superprofits des pétroliers et autres pollueurs de la planète, alors que l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni l’ont fait pour aider les ménages les plus précaires.
C’est d’autant plus scandaleux que selon Oxfam et Greenpeace le patrimoine financier des 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de 50 % des ménages français. Réduire leur richesse serait une mesure de justice sociale pour le mieux vivre de celles et ceux qui produisent et ont produit les richesses du pays. Et cela aiderait la planète.
Augmenter le pouvoir d’achat des salariés et des retraités, c’est donc possible et aussi indispensable. Cette exigence était au centre de l’élection présidentielle et législative, elle sera au cœur de la rentrée 2022. Salariés et retraités ensemble.
Pascal Santoni