COMMUNIQUE DE PRESSE DE LA FEDERATION DES TRAVAILLEURS DE LA METALLURGIE CGT
L’économie du spatial en Europe et plus particulièrement en France est troublée et menacée en raison de plusieurs changements simultanés. La CGT alerte et se mobilise contre ceux ci :
- La montée en puissance rapide d’une militarisation de l’espace.
- L’accaparement des orbites basses par des milliardaires fascisants et leurs méga constellations, polluant l’espace et le ciel nocturne.
- La financiarisation accélérée de l’industrie, qui n’a d’autre but que de transférer toujours plus de richesse aux actionnaires.
- La politique de l’offre appliquée au spatial avec la subvention publique massive, sans contreparties, de start-ups dites du «newspace», sans le contrôle et l’expertise des agences nationales (CNES, ONERA).
- Le projet de fusion des industriels européens (Bromo) : Les directions Airbus, Leonardo et Thales ont annoncé leur intention de fusionner leurs activités spatiales.
Sur ce dernier point, la CGT s ’ interroge sur le sens des “synergies” annoncées. Nous craignons la baisse des budgets en R&D, le gel des salaires, la dégradation des conditions de travail et la suppression d’emplois entraînant la perte de savoir-faire précieux.
Dans ce contexte, les salariés des agences (CNES, ONERA), des groupes TAS et ADS et leurs nombreux sous-traitants sont soumis à une pression très importante.
Jusqu’à aujourd’hui, les agences publiques définissent les priorités, les budgets et les spécifications des programmes aux industriels. Les États garantissent un taux de marge réduit et veillent au soutien ainsi qu’à la viabilité économique des fournisseurs.
En deux mots : l’intérêt public.
Par le projet de fusion, dans le cadre d’une croissance des budgets alloués au secteur, la CGT ne peut que regretter le désengagement des Etats.
Pour imposer leur objectif, les financiers ont besoin de créer le mythe d’une filière en crise, menacée par Starlink qui dominerait le marché et financièrement en difficulté.
Un narratif, totalement décorrélé de la situation réelle !
Les finances :
Les pertes revendiquées par TAS et ADS sont en réalité des provisions et amortissements sur des programmes planifiés comme bénéficiaires à terme, alors que depuis 2010 les groupes Thales et Airbus, à eux deux, ont distribué 20 Mds€ de dividendes et leur valorisation boursière a été multipliée respectivement par 8 et par 15.
Le marché ?
La part de marché européenne des industriels couvre tous les domaines (télécom, observation, navigation, exploration, sciences) et, est largement supérieure à celle de Starlink, positionnée sur un marché différent, qui n’est pas même pas en concurrence directe.
Dans un premier temps, Il y a un vrai risque à la création d’un monopole, alors que les industriels qui le composent sont déjà à la peine pour honorer leurs carnets de commandes records et se fragilisent en supprimant actuellement 10% de leur effectif.
Dans un deuxième temps, c’est le risque d’inciter le marché, qui est en forte croissance, à favoriser l’émergence de nouveaux compétiteurs qui ne seront très probablement pas français,.
L’Allemagne a, de son côté, compris l’intérêt de conserver des offres concurrentes (OHB, Rheinmetall) pour permettre de maintenir des appels d’offres, de faire contre-poids à la fusion et de développer l’emploi dans le pays.
Le CNES et l’ESA arbitrent entre TAS et ADS et favorisent la coopération entre tous les acteurs de la filière. La fusion et création d’une situation quasi-monopolistique permettrait à cet industriel d’imposer ses prix sur les clients et sur les fournisseurs et d’augmenter ses marges.
La CGT défend un autre projet, résolument tourné vers le développement industriel et l’emploi dans le but de répondre aux besoins portés par les États, sous le contrôle démocratique des citoyens et sans céder aux exigences d’un marché dérégulé.
La CGT n’acceptera pas que le projet Bromo soit une nouvelle occasion de porter un coup aux conditions de travail et au statut des salariés.
La CGT exige un espace utile pour tous, en particulier par des investissements publics, nationaux et européens, dans des domaines « utiles » : Observation de la terre, télécommunications, recherche scientifique, navigation. Mettre en oeuvre une industrie décarbonée à long terme est aussi indispensable.
C’est dans ces luttes primordiales que les salariés veulent trouver un sens à leur travail.
Plus largement, dans notre secteur, comme dans la société en général, la CGT est déterminée à combattre l’oligarchie capitaliste, maintenant alliée à l’extrême-droite.
Communiqué de Presse