UIMM. Quatre lettres qui incarnent, pour les métallos, la puissance patronale. Mais si le sigle est familier, l’histoire de l’Union des industries et métiers de la métallurgie reste largement méconnue.
En son temps, Alphonse Merrheim, secrétaire général de notre Fédération, avait étudié le patronat et les entreprises de la métallurgie. Son souci d’alors était de former les militants, d’affermir le rapport des forces. Nous partageons son dessein avec cet article, premier d’une série de trois.
Une interdiction contournée
En 1791, la loi Le Chapelier prohibe, au nom des principes de liberté et d’égalité énoncés par la Révolution française, la reconstitution des corporations de l’Ancien Régime. Toute coalition ou association de plus de vingt personnes est interdite. La répression ne s’applique toutefois pas avec la même rigueur aux ouvriers et aux patrons. Ces derniers bénéficient d’une tolérance bienveillante.
Aussi, dans la métallurgie, les premières chambres patronales naissent au début du 19e siècle. Sur le plan national, le processus débute en 1828, avec une première réunion des maîtres des forges à Paris. Ceux-ci mettent sur pied le Comité des intérêts métallurgiques (CIM) en 1840, tandis qu’apparaissent, au même moment, le Comité des houillères françaises et l’Union des constructeurs de machines, ancêtre de la Fédération des industries mécaniques.
L’agitation ouvrière, ainsi que la politique libérale et libre-échangiste du Second Empire de Napoléon III (1852-1870), incitent le patronat de la grande métallurgie à aller plus loin en 1864 en créant le Comité des Forges de France (CFF), qui prend le relai du CIM.
La naissance de l’UIMM
Au tournant du siècle, le patronat doit resserrer les rangs, en raison de l’intervention croissante de l’État dans la régulation des relations professionnelles, de la structuration du mouvement ouvrier (création de la CGT en 1895, naissance de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), ancêtre du Parti socialiste, en 1905) et du développement des grèves.
Face à l’impuissance du Comité des Forges, deux dirigeants, Edmond Duval et Robert Pinot, réunissent les principaux syndicats de la métallurgie et des mines.
Le 5 mars 1901, l’Union des industries métallurgiques et minières (UIMM) est légalement constituée, avec deux singularités : elle est dirigée par une équipe de permanents qualifiés, notamment en matière juridique, et son activité privilégie les questions ouvrières, moins controversées que les problèmes économiques.
Une union de combat
La jeune Union vise tout d’abord à contrecarrer les velléités des pouvoirs publics à réglementer le monde du travail. Usant efficacement de son influence, elle repousse ainsi, plusieurs années durant, la parution du code du travail ou encore la réduction du temps de travail.
Elle manie ensuite la carotte et le bâton pour contenir les organisations et revendications ouvrières.
Côté bâton, elle soutient les lock-out, les licenciements, les listes noires de syndiqués, le recours à la puissance publique, les campagnes de presse et autres actions en justice. Elle met également sur pied un système d’assurances contre les conséquences des grèves.
Côté carotte, elle tente de limiter les distorsions salariales au sein de la métallurgie et encourage le développement des allocations familiales. Elle étoffe aussi le réseau des œuvres sociales patronales.
En 1914, l’UIMM est déjà une organisation puissante, ayant fait la preuve de son efficacité. L’épreuve de la guerre la contraint à s’adapter, pour mieux rebondir. (à suivre…)