Temps fort de la vie syndicale, le congrès est l’occasion de débattre du bilan d’activités, des perspectives revendicatives ou encore des statuts de la Fédération. Ces documents, discutés par les syndiqués au sein des syndicats et des structures territoriales, peuvent être amendés, adoptés ou repoussés. Les prises de positions sont ensuite portées par celles et ceux qui sont mandatés pour assister au congrès.
L’enjeu est essentiel. De la qualité et de l’ampleur de ces échanges dépendent en effet le caractère démocratique du fonctionnement de notre organisation syndicale. C’est cette préoccupation qui a motivé la création d’un espace supplémentaire de débats, les « tribunes de discussion ».
Un fruit de mai-juin 68
La possibilité pour les adhérents et les syndicats de s’exprimer avant le congrès est donnée pour la première fois au 27e congrès fédéral de Grenoble, en 1971. Le contexte explique cette innovation. Le vent de liberté soufflé par les grèves de mai-juin 68 s’est traduit par 100 000 adhésions nouvelles dans la métallurgie, dont de nombreux jeunes. Baptisée « tribune avant-première », une rubrique éphémère donne la parole à une vingtaine de contributeurs dans les colonnes de La Vie ouvrière Métaux. On s’y exprime sur des sujets qui tiennent à cœur, on formule des avis, positifs comme négatifs.
L’expérience, jugée concluante, est renouvelée aux congrès suivants. La dénomination actuelle, « tribune de discussion », apparaît au 29e congrès fédéral de Saint-Étienne en 1976, mais c’est au congrès de Nanterre en 1979 que la pratique s’enracine véritablement avec une cinquantaine de contributions, publiées sur une durée de huit mois.
Une disposition statutaire
Le 34e congrès fédéral de Nanterre en juin 1993 marque un tournant. Il multiplie les canaux de diffusion en faisant appel, outre au Courrier fédéral, à des encarts spécifiques dans La Vie ouvrière, Options et Vie Nouvelle. Une révision statutaire est également adoptée. Un nouvel article 22 prévoit que « (le comité exécutif fédéral) invite (les syndicats) à participer à l’élaboration du projet de document préparatoire. Il ouvre une tribune de discussion pour animer et impulser le débat démocratique entre syndiqués d’une entreprise, d’un département, d’un groupe ou industrie. À partir des débats et propositions des syndiqués, le CEF construit les documents préparatoires traitant des questions à l’ordre du jour du congrès et les transmet aux syndicats au moins deux mois avant l’ouverture du congrès pour être soumis à la discussion de l’ensemble des syndiqués. »
La tribune de discussion, désormais inscrites dans les statuts fédéraux, connaît un sursaut au 36e congrès fédéral de Poitiers en 2000, avec une près de cent contributions. Mais l’engouement décline par la suite, au point qu’aucune tribune de discussion n’est impulsée au 41e congrès fédéral de Dijon, en 2017.
Pourtant, avec près de 400 contributions individuelles et collectives écrites depuis 1971, la tribune de discussion a fait la démonstration de son intérêt. Et ce n’est pas Rémy Troadec, de Couëron en Loire-Atlantique, le seul à avoir envoyé une tribune à trois congrès successifs, qui dira le contraire. Alors, à vos claviers pour transmettre vos réflexions à l’adresse suivante : tribunedediscussion@ftm-cgt.fr !