Dès ses plus jeunes années, la CGT s’est préoccupée d’organiser les retraités au sein de ses syndicats d’actifs et de défendre leurs revendications. Au début des années soixante, la situation évolue et l’on voit apparaître les premières sections syndicales de retraités dans la métallurgie (La Ciotat, Maubeuge, Hispano-Suiza à Bois-Colombes, Renault au Mans). Celles-ci regroupent, pour un territoire ou une entreprise, les retraité(e)s, préretraité(e)s, veufs et veuves.

L’UFR, un fruit de mai-juin 1968

Les grèves et occupations de mai-juin 1968 impulsent une profonde réflexion de la CGT sur sa structuration. L’accent est tout particulièrement mis sur les catégories (jeunes, immigrés, femmes, employés, ingénieurs, cadres, techniciens) et leurs spécificités. Dans la métallurgie, le congrès fédéral en 1971 affirme dans la foulée que « les retraités ont besoin d’être organisés aux côtés des travailleurs actifs pour défendre leurs revendications. » L’activité en direction des retraités, placée sous la responsabilité de Jules Daumur, aboutit à la parution d’une revue trimestrielle, Le Retraité de la métallurgie en septembre 1972 et à la constitution de l’Union fédérale des retraités (UFR) de la métallurgie le 7 mars 1975.

L’UFR participe activement aux différentes batailles engagées pour étendre et défendre les droits des retraités. Parmi toutes les journées d’actions organisées, signalons le 10 mars 1981 qui voit une délégation de retraités métallos être reçue – c’est une première – au siège de l’UIMM.

Un outil de luttes

À la suite de la création de l’Union confédérale des retraités (UCR), l’UFR tient son premier congrès les 15-17 février 1983 à Balaruc. Les années suivantes sont marquées par de nombreuses luttes, par exemple pour la pérennité du financement de la retraite complémentaire à taux plein à 60 ans. Manifestations, rassemblements, pétitions, motions, tracts, tout est bon pour convaincre les salariés et la population des méfaits des attaques mises en œuvre par le patronat et le pouvoir contre les retraites ! Ces années sont également riches en réflexions sur la prise de responsabilités syndicales des femmes retraitées, sur la convergence avec la jeunesse sur les questions d’emplois et de salaires, sur la place des ICT retraités ou encore par l’adoption d’une plateforme revendicative minimale, actualisée à plusieurs reprises.

En dépit de cette activité, la syndicalisation décroît à partir de 1980, bien que le nombre de sections syndicales progressent. Parmi les causes avancées sont invoquées le contexte économique et politique défavorable, la concurrence des amicales et des associations d’anciens d’entreprise, la précarité et l’isolement des retraités, mais aussi un problème qui a conservé toute son actualité, celui de la continuité syndicale.

Malgré ces difficultés, force est de constater que l’organisation des retraités, en liaison étroite avec les actifs, est la meilleure assurance contre la politique de démantèlement des retraites mises en œuvre par le patronat et les gouvernements successifs. Gageons que le 12e congrès de l’UFR, du 1er au 5 avril 2019, saura marquer une nouvelle étape dans cette lutte !