Carlos Ghosn a déclaré à l’Autorité des marchés (AMF) avoir acquis le 16 décembre 2016, au titre de sa rémunération variable, 132 720 actions au prix unitaire de 37,43 €. Mardi après-midi le cours de l’action s’établissait à 85,34 €. Si Carlos Ghosn revend ses actions dans la période, il pourrait donc empocher plus de 6,36 millions d’€ de plus-value.
Pour rappel, la rémunération Renault du PDG pour 2015 s’établissait à 7,251 millions d’€ dont 1,737 million en numéraire, celle en tant que PDG de Nissan, 9 millions d’€, auxquelles s’ajoutera celle au titre de PDG de Mitsubishi. Le paiement de la part variable est effectué à hauteur de 25% en numéraire et 75% en actions, acquises à l’expiration d’une période de 3 ans, si les résultats du groupe sont en phase avec les engagements initiaux du PDG.
Indécence : la rémunération est indécente au regard des conditions de vie qui se détériorent pour une part croissante de la population qui doit se contenter du SMIC (pour ceux qui ont un travail), et pour un grand nombre d’entre elle qui ne peut plus assurer le minimum vital (logement, nourriture…). Mais c’est tout autant indécent au regard de la majorité des salariés du Groupe Renault dont le pouvoir d’achat ne cesse de baisser au nom d’une « modération salariale nécessaire » et qui sont considérés seulement comme « des coûts à réduire ».
Carlos Ghosn est ici récompensé de l’atteinte de ses objectifs contenus dans l’accord de compétitivité 2013-2016 : + 7 000 suppressions d’emplois (avec 10 000 salariés qui auront quitté l’entreprise sur la période), l’enracinement d’un processus de précarisation des emplois (intérimaires prestataires…), une baisse du pouvoir d’achat de ceux qui restent et une explosion des prix de ventes aux clients (marges qui explosent) … ! Autant d’objectifs qui rassurent le milieu des affaires et qui a pour effet d’augmenter la valeur boursière de l’action et par conséquent le montant des dividendes des principaux actionnaires, et in fine, la part variable de la rémunération de Carlos Ghosn et des autres dirigeants du groupe Renault.
Cynisme : Carlos Ghosn fait preuve d’un cynisme exacerbé lorsqu’il justifie sa rémunération en déclarant « que dans le monde de l’industrie automobile, le talent, l’expérience acquise, l’unicité (cela) se paie… », comme il l’a fait lors d’échanges avec des étudiants en septembre dernier.Toutes les catégories professionnelles (APR, ETAM, Cadres) pour qui Carlos Ghosn promet une nouvelle baisse de pouvoir d’achat dans le cadre d’un futur accord 2017-2019 n’auraient donc aucun talent ni expérience ! Ce qui justifierait selon lui ce nouvel accord, avec à la clé de nouvelles suppressions d’emplois, sans doute près de 6 000 pour les 3 prochaines années.
Perversité : En définitive, c’est un système de rémunération d’une perversité sans égal pour l’entreprise. Car plus les dirigeants répondent au bonheur des actionnaires (baisse d’emplois, de salaires…) avec une capitalisation boursière toujours plus forte et des rendements (dividendes) toujours plus élevés, moins l’entreprise est en capacité de répondre à sa raison d’être : Concevoir, fabriquer, et vendre des véhicules répondant aux enjeux du moment, de la population et de ses salariés (qualité, coûts, délais, écologie)… à des prix abordables !