Si les médias se focalisent sur les régimes spéciaux, le projet de réforme des retraites universelle absorbe bel et bien les complémentaires dont l’Agirc-Arrco. Le projet de loi présenté en Conseil des ministres le 24 janvier dernier ne laisse aucun doute. Dès l’article 2, le texte précise que le nouveau système couvrira « l’ensemble des personnes travaillant en France, et se substitue[ra] ainsi aux 42 régimes de retraite actuellement existants (régimes de base et régimes complémentaire obligatoires). » Ainsi, dès 2022, le champ de la Loi de financement de la Sécurité sociale sera étendu aux régimes complémentaires obligatoires (Agirc-Arrco, IRCANTEC, RAFP, indépendants, professions libérales). « Ceci implique, dès cette date, que l’État, le gouvernement en fait, prenne le pouvoir dans ces caisses au détriment des partenaires sociaux ou des organisations professionnelles. » précise sur son blog l’économiste atterré, Henri Sterdyniak. Pour gérer le système, l’article 49 crée une Caisse nationale de retraite universelle (CNRU) qui entrera en activité dès le 1er décembre 2020. Celle-ci sera gérée par les organisations syndicales, les représentants des employeurs privés et publics, représentants des professions libérales, mais « selon des règles fixées par voie réglementaire, de sorte que la parité n’est pas assurée » souligne l’économiste. Si une période transitoire est proposée pour ceux nés avant 1975, l’article 62 entérine la fin des régimes de retraite obligatoires, de base ou complémentaire en rappelant que l’affiliation des personnes nées à compter de 1975 à un régime de retraite complémentaire n’est donc plus nécessaire. Pour Henri Sterdyniak, « Le système des retraites serait étatisé et centralisé. L’autonomie des régimes complémentaires, des régimes spéciaux, des régimes autonomes, disparaît complètement. Le projet marque un recul de la démocratie sociale. »