Nous sommes à quelques semaines de la tenue au Bourget du salon international de l’aéronautique et de l’espace. Il constitue, depuis plus d’un siècle, un événement qui attire autant les professionnels pour affaires que les citoyens à la découverte de ces bijoux de technologies qui défient la pesanteur. La France est au cœur de cette épopée mondiale grâce à des femmes et des hommes qui ont cru dans leurs rêves et à des politiques publiques qui les ont impulsés et soutenus.
Dès leurs créations ces appareils volants ont malheureusement été utilisés à des fins militaires, mais ils ont surtout contribué à rapprocher les Hommes, à communiquer ou à échanger entre eux. Ils ont été aussi une source considérable de progrès scientifiques et de la connaissance avec des répercussions inestimables dans de nombreux domaines de la vie quotidienne.
Les échecs ont toujours fait partie du long chemin de la connaissance, surtout lorsque l’on aborde des domaines inexplorés. C’est précisément toute la grandeur de celles et ceux qui n’ont pas hésité sur les moyens dédiés à ces aventures. Aujourd’hui nous en récoltons les fruits en termes d’indépendance nationale et de souveraineté par une maîtrise scientifique et industrielle. En ce sens, l’aéronautique et le spatial participent largement à la grandeur de la France.
Ceci dit, nous sommes à une époque charnière où les intérêts privés et la domination de critères financiers supplantent la satisfaction des besoins collectifs et les nouvelles exigences vis-à-vis de l’environnement.

Une R&D détournée
La R&D, définie comme la Recherche et Développement, et dont l’objet devrait être de servir ces objectifs est lue aujourd’hui en Rentabilité & Dividendes… De nombreux domaines sont ainsi délaissés du fait d’estimations de profitabilité immédiate insuffisante ou d’investissements qui impacteraient trop les résultats financiers. Les ingénieurs opérant dans ces domaines sont accaparés à évaluer les coûts financiers de projets au détriment de leurs activités propres d’études ou de recherche.
C’est ainsi que Airbus décide d’abandonner un programme prometteur, celui de l’avion à propulsion électrique, le E-fan qui avait fait événement en juillet 2014 lorsque pour la première fois ce prototype traversait la Manche. Un exploit mondial qui rappelle celui de Blériot, réalisé en 1909, à bord de son Blériot XI et qui ouvrait véritablement les airs du succès de notre aviation.
Cette décision d’abandon s’inscrit dans le plan actuel de 1 700 suppressions emplois chez Airbus et la fermeture du site historique de Recherche Louis Blériot à Suresnes. C’est la signature de cette dérive actuelle privilégiant la finance, au risque d’un affaiblissement dangereux pour le pays et l’Europe. Ce sont ces mêmes logiques financières qui, en France, ont ruiné des filières comme la machine outil, le textile, la micro informatique ou les composants électroniques et participent à réduire la part de notre industrie à la hauteur de 11 % du PIB national.

Pour une véritable politique de R&D
Affaiblir la part de R&D, c’est entamer nos capacités de produire et contribuer à la montée du chômage. C’est cette logique que nous contestons tout en faisant des propositions alternatives qui lient en parfaite cohérence le développement scientifique, technique et industriel avec l’emploi et le progrès social.
La FTM-CGT en coopération avec la FNTE et la NVO, pour la première fois de son histoire, tiendront un stand au Salon du Bourget qui se déroule du 19 au 25 juin. Nous soutiendrons précisément cette autre voie qui valorise les travailleurs de toute cette filière et s’inscrit dans la continuité d’une place majeure de la France dans cette épopée aéronautique et spatiale.