A la suite de plusieurs rencontres organisées par la CGT Airbus avec les syndicats sous-traitants, des camarades ont encouragé la création d’une Coordination des syndicats CGT Donneur d’ordres (DO) et Sous-traitants (ST) de l’aéronautique. Celle-ci rassemble plusieurs dizaines de syndicats dans le secteur toulousain, où la filière aéronautique est majeure en termes d’emploi industriel et de services aux entreprises, que ce soit dans la branche métallurgie ou ingénierie.

Devoir de vigilance
Le 17 octobre dernier, la Coordination a organisé un colloque à partir de la loi sur le devoir de vigilance, afin de mettre en œuvre une plateforme revendicative commune. Près de 100 personnes ont participé. Parmi eux, les camarades de GM&S sont venus témoigner de la réalité de la filière automobile et présenter leur projet de loi sur la co-responsabilité des DO dans la situation des entreprises sous-traitantes. Les GM&S ont assigné PSA et Renault au tribunal civil pour avoir organisé la liquidation de GM&S, sous-traitant de premier niveau pour les deux constructeurs automobiles. Le colloque s’est tenu sur 2 thématiques : se faire une opinion sur le devoir de vigilance et sur les rapports DO&ST, pour agir en utilisant la loi sur le devoir de vigilance comme un levier pour mettre Airbus face à ses responsabilités.

Une pression en hausse
Depuis le plan POWER8, Airbus a accentué sa pression sur le réseau de ST : par des baisses de coûts qui se traduisent par des délocalisations, une baisse systématique des prix de 10% qui peut aller jusqu’à -30% pour une même production ou service, un modèle économique de responsabilité partagée dans lequel les sous-traitants doivent supporter financièrement l’approvisionnement des matières premières, les coûts d’industrialisation, les aléas du marché aérien, les retards des avionneurs. Concernant les matières premières, pour beaucoup, elles sont issues de pays en guerre ou proches de zones de conflits armés. Les taxations supplémentaires induites de la guerre commerciale rajoutent au risque majeur sur la production et sur les sous-traitants qui doivent s’approvisionner.

Responsabilité sociale des entreprises
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) a pris de l’importance, d’autant que l’image vertueuse de l’entreprise peut représenter jusqu’à 30% de sa capitalisation. Comme le démontre l’affaire du dieselgate pour le groupe Volkswagen. Dans le secteur aéronautique, Airbus doit redorer son image suite aux affaires de corruption. Ainsi, le groupe communique beaucoup sur son image « Ethics and Compliance », sur sa fondation Airbus et a mis en place un code de conduite des fournisseurs qui déploie sa politique RSE.

S’impliquer dans le devoir de vigilance
La loi sur le devoir de vigilance a pour objectif de limiter les conséquences négatives de l’activité des entreprises et obliger ces dernières à rendre des comptes sur ces risques.Promulguées depuis 2017, les DO comme Airbus doivent mettre en place un plan de Vigilance : des mesures de prévention des risques liés à leur activité et leur responsabilité étendue à l’activité des sous-traitants. Ce Plan de Vigilance doit être conçu en association avec toutes les parties prenantes, dont les syndicats.
Les dernières discussions sur la loi PACTE et sur le secret des affaires vont tenter d’en limiter les effets. Si les acteurs ne se mobilisent pas dès à présent, ces outils serviront uniquement à la communication des entreprises pour verdir et contrôler leur image.Cela interroge aussi les syndicats sur la politique achat et sur sa responsabilité environnementale et sociale. Les territoires souffrent de la désindustrialisation et du mirage de l’économie du service comme substitut. Quand les plus grands groupes investissent entre 30 et 50% du chiffre d’affaires en R&D, Airbus fait l’opposé et réduit sa R&D à de l’innovation incrémentale avec une enveloppe de seulement 6% du CA.
La Coordination aéronautique CGT réaffirme que l’entreprise n’appartient pas qu’à ses actionnaires et que se pose aujourd’hui le rôle de l’entreprise dans la société, d’autant plus pour un fleuron de l’industrie. La Coordination a la volonté de se déclarer partie prenante du Plan de Vigilance Airbus, et se donne comme projet d’être un porte-parole de la communauté de travail à partir d’une plateforme revendicative commune.