Une délégation de la FTM-CGT s’est rendue en Afrique du Sud du 21 au 25 mai dernier pour poursuivre, développer et fortifier les échanges avec le syndicat de la métallurgie NUMSA, qui compte aujourd’hui environ 400 000 adhérents, avec un objectif de 500 000 d’ici deux ans.
Les pratiques syndicales, les valeurs qui fondent notre syndicalisme sont sensiblement identiques à celles de l’organisation sud-africaine de la métallurgie. Cela nous permet de partager les mêmes constats et de s’accorder sur la nécessité de lutter et d’organiser la convergence des luttes au-delà des frontières.
L’occasion nous a donc été donnée de poursuivre nos discussions quant à la situation sociale et économique de nos deux pays, les mobilisations en cours ou en construction et les solidarités à développer entre nos organisations syndicales et les travailleurs. A l’instar de la loi travail en France, l’Afrique du Sud connait le même projet de réforme du marché du travail. Il vise également à abaisser globalement les droits des travailleurs, elle ne règle en rien la question du chômage qui est à un niveau extrêmement élevé, notamment chez les jeunes, comme chez nous et fait la part belle aux multinationales.

Un passé récent marqué par la lutte
Les métallos sud-africains et NUMSA ont une longue tradition de mobilisation de masse, d’élévation des consciences, d’organisation des travailleurs et de lutte contre les injustices qui sont à l’origine des mouvements de lutte contre l’Apartheid.
Au début des années 90, l’organisation a joué un rôle moteur dans la sortie du régime politique raciste. La mobilisation des travailleurs, contre ce système particulièrement brutal a été très forte et a consolidé des liens de fraternité, d’entre-aide et d’engagement politique pour que jamais plus ce système ne revoit le jour dans le pays.
Certes le pays est sorti de l’apartheid, mais les inégalités sociales restent toujours très fortes et profondes. L’Afrique du Sud est composée de 20% de blancs, 80% de noirs. Or, 80% des richesses du pays appartiennent aux blancs. Ce qui fait dire, à bon nombre de jeunes, que l’apartheid économique n’a pas pris fin avec le prise de pouvoir de l’ANC. Par exemple, le salaire minimum est d’environ 300€ par mois et il n’est pas rare que les salariés travaillent plus de 40h par semaine et soient contraint d’effectuer des heures supplémentaires.

La syndicalisation et la lutte payent
La délégation fédérale a eu l’occasion de visiter l’entreprise Nissan et de rencontrer les militants du syndicat. La puissance de NUMSA compte dans l’entreprise et d’ailleurs le rapport de forces actuel permis d’obtenir des salaires 3 fois plus élevés que le salaire minimum du pays. Le syndicat compte 946 syndiqués dont 89 ICT sur un peu moins de 1700 travailleurs.
NUMSA met un point d’honneur à la syndicalisation, au renforcement et à la formation syndicale des militants et dirigeants. L’organisation syndicale revendique près de 400 000 adhérents dans les secteurs de l’auto, la sidérurgie, l’énergie, etc… C’ est le plus grand syndicat du continent africain. c’est une organisation démocratique, marxiste-léniniste, indépendante, avec une orientation Socialiste et internationaliste.
NUMSA a quitté la confédération COSATU il y 4 ans afin de rompre ses liens avec l’ANC, parti politique au pouvoir depuis la fin de l’Apartheid. En mars 2018, NIMSA a lancé la création d’une nouvelle confédération indépendante, la SAFTU, qui compte aujourd’hui un peu plus de 800 000 adhérents et continue de croître de manière spectaculaire.
Au mois de mars et avril, la SAFTU et NUMSA ont été à l’origine de l’organisation de deux journées d’actions contre le projet de réforme du marché du travail, proposé par le nouveau Président Ramapossa (ancien dirigeant de la Fédération des mines de la Cosatu). Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Johannesburg…. et ont fait reculer le Président.