Seules sont perdues d’avance les batailles qu’on ne livre pas. C’est dans cet état d’esprit que la fédération cgt est entrée dans la négociation de branche il y a deux ans. L’ambition de l’UIMM était de remettre à plat l’ensemble des droits des travailleurs de la métallurgie et les regrouper dans, ce que le syndicat patronal appelle « une boite à outils » où chaque employeur viendrait piocher ce qui l’intéresse pour son entreprise. Dans la suite de la loi travail, puis des ordonnances Macron de 2017, il s’agissait ni plus ni moins de tailler, encore une fois, dans les droits des salariés.

Une CGT à l’offensive
Face à ce chantier de grande envergure, et alors que le patronat souhaitait des échanges à huit-clos, la fédération a fait le choix d’informer tout au long des discussions avec le patronat l’ensemble de ses syndicats par le biais notamment d’un Echo des négos envoyé après chaque rencontre. L’objectif était qu’un maximum de camarades s’approprie l’enjeu de cette négociation afin d’aller à la rencontre des salariés pour leur en faire état. Dans ce cadre, plus de 130 journées d’études ont été organisées dans les territoires et les syndicats. Près de 4000 militants y ont participé. En parallèle, la fédération a travaillé un projet de convention collective nationale, point d’appui des discussions.

Des accords en réserve
Mais ce travail syndical prend du temps. De plus en plus de syndicats abordent l’enjeu des négociations avec les syndiqués et les salariés. Mais la construction du rapport de forces reste insuffisante pour stopper les velléités du patronat. Pourtant, l’ambition de l’UIMM est ralentie car les discussions sont toujours en cours alors qu’elles devaient s’achever à la fin de l’année. De plus, les 4 thèmes qui ont déjà été discutés sont aujourd’hui mis en réserve. Aussi, sans accord signé pour le moment et le retard du calendrier prévu par le patronat doivent permettre de multiplier les initiatives pour que les salariés s’emparent de cette négociation. La ténacité de la délégation CGT et le travail d’information vers les syndicats de la fédération a permis de limiter l’ambition patronale sur quelques points. Par exemple, l’UIMM voulait faire sauter le temps minimum de 24h pour les contrats à temps partiel, il est revenu dessus. De même, il a été contraint de revenir à l’existant sur la majoration des heures supplémentaires et la durée des forfaits jours. Mais ces quelques reculs restent très insuffisants.

Tout est encore possible
Le fait de rendre publiques ces négociations a ouvert des débats au sein des entreprises, mais aussi dans les autres organisations syndicales. Ce travail pédagogique est nécessaire non seulement pour faire barrage aux projets patronaux, mais il s’agit surtout de faire grandir l’idée que les salariés de la branche peuvent gagner de nouvelles avancées sociales. C’est dans cet objectif que la fédération appelle l’ensemble des syndicats à s’appuyer sur ces négociations pour aller à la rencontre des salariés et partager avec eux les revendications de la CGT face aux projets patronaux qui, s’ils étaient adoptés, marqueraient un recul social sans précédent. Ainsi, une semaine de sensibilisation est programmée du 22 au 26 octobre et une journée nationale d’action sera organisée en territoire début décembre. « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse » rappelait Nelson Mandela après la chute de l’Apartheid. Ainsi, les syndicats CGT peuvent faire leurs ces mots, même si l’ambition patronale parait difficile à combattre aujourd’hui, le statut-quo permet d’imaginer la victoire de nouvelles innovations sociales.