Alors que le parquet de Paris requiert la fin des investigations d’une quinzaine de dossiers dans le scandale de l’amiante, la CGT du Chantier Naval de Marseille (CNM) se bat pour faire reconnaître l’exposition à l’amiante des salariés qui leur permet de bénéficier notamment du droit à un départ anticipé à la retraite.

Faire cesser une injustice
En 2008, alors que l’avenir du chantier est en danger et que les salariés occupent le site pour préserver l’activité, l’entreprise CNM sort du dispositif amiante. Ce n’est qu’après la reprise de l’activité obtenue après plus de longs moins de mobilisation que les salariés et les syndicats se sont rendus compte de la situation. Aujourd’hui, la CNM est le seul chantier français de réparation navale lourde dont les salariés ne bénéficient plus d’une reconnaissance des dangers de l’amiante. Cette décision est d’autant plus incompréhensible que l’inspection du travail s’y était opposée. De plus, les autres chantiers ont conservé ce droit, et même certains sous-traitants ! Ainsi, sur les chantiers, se côtoient des salariés qui bénéficient du dispositif et d’autres pas.

Des salariés toujours exposés
Pourtant aujourd’hui, le risque d’exposition existe toujours sur le chantier marseillais. « Nous accueillons des navires de différents âges, construits et qui ont été précédemment réparés et entretenus dans le monde entier. Il y a des bateaux anciens, datant par exemple dans les années 90, qui ont de l’amiante. Mais cela peut aussi se trouver sur des navires récents, du fait notamment que la réglementation n’est pas toujours la même en fonction des pays, dont certains utilisent encore des produits amiantés. Nous sommes amenés à demander aux armateurs si les matières dangereuses contenues par leurs navires sont cartographiées. S’il y a de l’amiante, nous prenons les dispositions nécessaires, mais, parfois, les armateurs la découvrent avec nous. Récemment, nous avons eu un navire qui avait passé 80 jours en arrêt technique pour enlever 2000 joints amiantés. Et bien malgré ces travaux, nous en avons encore trouvé lors de son passage à Marseille » souligne la CGT qui a entamé un bras de fer avec le ministère.

La CGT mobilisée
Mais en juin dernier, après une longue bataille judiciaire, le tribunal administratif a refusé de reconnaître l’exposition à l’amiante. « On est resté tranquille pendant sept ans. On ne nous a pas vus, pas entendus. On a fait en sorte de faciliter la relance de la réparation navale industrielle lourde à Marseille. Mais maintenant, ça suffit. On ne peut plus continuer comme ça » rappelle Noël Kouici de la CGT de la CNM. Suite à cette décision de justice, et afin de se faire entendre et d’étendre les soutiens, les salariés se sont rendus à la DIRECCTE, à l’UIMM et ainsi qu’au siège de la Région pour récupérer des documents afin d’étoffer le dossier et le présenter en Préfecture. Si aujourd’hui, tous ses interlocuteurs, ainsi que la direction de la CNM, reconnaissent la légitimité de la bataille des salariés, il reste à convaincre le Ministère.