C’est avec tristesse que nous avons appris le décès à Paris, des suites d’un cancer, de Gérald Bloncourt, à l’âge de 91 ans.

Il voit le jour le 4 novembre 1926 à Bainet, en Haïti. En 1944, il participe à la création du Centre d’art haïtien à Port-au-Prince, avant d’être l’un des leaders, au début de l’année 1946, d’un mouvement revendicatif intitulé les « Cinq Glorieuses », qui provoqua la chute du gouvernement autoritaire d’Elie Lescot. Condamné à mort par la junte, il échappe à sa peine, mais est condamné à l’exil.

Il s’installe à Paris, où il se lance dans la photographie, tout en continuant à peindre et à sculpter. Militant communiste, il est recruté au service photographique du journal L’Humanité en 1948, avant de travailler comme reporter indépendant à partir de 1958. Il a collaboré tout au long de sa carrière avec la Confédération Générale du Travail, avec La Vie Ouvrière, Le Peuple ou encore Options, et également pour ses organisations comme notre Fédération des Travailleurs de la Métallurgie.

Tout au long de sa carrière, il a fixé sur pellicule un témoignage, une mémoire des salariés, des populations, de leurs conditions de vie et de travail, de leurs espoirs et de leurs luttes. Parmi les grévistes de Renault-Billancourt en mai-juin 68, avec les mineurs de fer de Trieux en 1963, aux milieux des manifestants contre l’OAS le 8 février 1962, dans les bidonvilles de la région parisienne, au Portugal de Salazar puis de la Révolution des Œillets, aux côtés du Front Polisario, en guerre contre le Maroc au Sahara Occidental ou encore en Haïti après la chute de Duvalier, son œuvre est une contribution essentielle pour l’histoire sociale et politique des décennies suivant la Seconde Guerre mondiale.

En 2013, à l’occasion d’une exposition sur ses œuvres au Palais de la Porte Dorée à Paris, il expliquait : « Je voulais utiliser mes photographies comme des armes, dans l’espoir de changer le monde ». Nul doute que ses 200 000 clichés ont laissé et laisseront une trace dans la conscience des femmes et des hommes.

Il a été inhumé le 5 novembre 2018 au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

N’hésitez pas à relire l’entretien réalisé par Johann Petitjean en mai 2015 à loccasion de la projection dun documentaire le concernant à la Galerie Dorothy, rue Keller, dans le XIe arrondissement de Paris. Il a été publié dans Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique n° 132 (2016) et consultable en ligne à l’adresse suivante : https://journals.openedition.org/chrhc/5420.