Du 13 au 18 mars derniers, les organisations syndicales et la société civile en général, se sont rencontrées à Salvador de Bahia sur le thème « Résister pour créer, résister pour transformer ». C’est dans une ambiance bouillonnante, festive et multiculturelle que pas moins de 80 000 participants de 125 pays ont assisté à près de 2 000 ateliers organisés. Ce qui frappe d’emblée le regard, averti ou non, c’est la présence massive des femmes et des jeunes générations.

Zoom sur le continent sud-américain
La situation sociale et politique du continent sud-américain a très largement influé sur les échanges. Les attaques libérales ont très durement touchées les travailleurs. Les démocraties ont été attaquées par plusieurs coups d’Etats parlementaires comme au Brésil, au Paraguay ou au Honduras. Depuis, le schéma classique de déconstruction des garanties individuelles et collectives se met en place, auquel s’ajoute privatisations et attaques sur les services publics. Mais, la détermination et la résistance des mouvements sud-américains sont très grandes. Ils luttent en faveur des garanties collectives, des systèmes de protection sociale, du droit à la terre. Ils s’opposent également à la déforestation ou aux multinationales qui cherchent à s’approprier l’eau, la terre, et à exploiter les ressources naturelles, au détriment de la santé et de la vie des populations locales. Les organisations syndicales progressistes, très présentes, ont marqué leur participation autour de la question fondamentale de la répartition des richesses à l’aune d’une révolution numérique et des luttes nécessaires pour faire émerger des véritables systèmes politiques et sociaux démocratiques.

En pleine actualité Brésilienne
La très grande et joyeuse manifestation d’ouverture du Forum a très vite laissé place à la dure réalité de l’actualité avec l’assassinat de Marielle Franco, militante et conseillère municipale de Rio de Janeiro. Ce crime était sur toutes les lèvres des participants alors que les meurtres de figures de l’opposition au gouvernement Temer se déroulent depuis près deux ans au Brésil. Par ailleurs, Marielle Franco était une militante très représentative des participants au FSM, à la pointe de la lutte pour les droits de l’homme, des femmes, des Noirs et contre les violences policières dans les favelas. Elle avait notamment critiqué la décision du président de la République de confier, le 16 février dernier, la sécurité de Rio de Janeiro à l’armée. Dans ce contexte oppressif et fascisant, les mouvements sociaux brésiliens et d’Amérique misent de grands espoirs dans la prochaine élection présidentielle brésilienne en octobre prochain. A quelques jours de sa possible incarcération, l’ancien Président Lula, est revenu sur le devant de la scène avec l’organisation d’un grand rassemblement du FSM, « pour réveiller la conscience du peuple [et] défendre les programmes sociaux démantelés » par le gouvernement actuel du président conservateur Michel Temer.

L’avenir du Forum
A l’issue de ce tourbillon de rencontres humaines et d’idées, le Forum Social Mondial n’est pas mort. Après les années de victoires du progressisme sud-américain porteur d’espoirs et d’avancées pour tous les travailleurs de la planète, la réalité est celle de la résistance et de la lutte, à tous les niveaux, afin de transformer la société. Le FSM se réinvente avec des initiatives beaucoup plus locales et décentralisées, comme le Forum Social des migrations de Mexico en novembre prochain, la grande marche de Delhi à Genève pour la paix et la justice sociale ou encore l’idée d’organiser un Forum Social itinérant. L’objectif de convergence, de lutte et de transformation n’a jamais été aussi présent et le Forum Social peut continuer à jouer son rôle dans la construction internationaliste.