Le 19 février dernier, les Fagor-Brandt étaient dans la rue. Les sites vendéens sont menacés de fermeture. 300 salariés manifestaient à Rueil-Malmaison, au siège social de l’entreprise. L’avenir de Fagor-Brandt reste suspendu à la décision du tribunal de commerce, prévue le 27 février. En attendant, le retour de la délégation reçue par le ministère du Redressement productif, Paul BRIGLIA, délégué CGT du site lyonnais de Fagor-Brandt nous accorde une interview.
Quelle est la situation chez Fagor Brandt ?
Le dépôt de bilan du groupe annoncé en novembre dernier risque de mettre au chômage jusqu’à 1 800 salariés, plus 400 à Lyon, ce qui fait 2 200. Nous sommes liés à l’offre d’un repreneur potentiel qui s’appelle Cevital. C’est une première chose. La deuxième chose, c’est que même si Cevital reprend une partie du groupe, il ne reprend que 1 200 personnes sur 1800. Il ne reprend toujours pas le site de Lyon. Ca fait toujours 400 emplois en moins. C’est un vrai problème, le principal sujet de la lutte. Une partie de l’électroménager, fabriquée en Vendée, sera rayée de la carte si l’offre n’évolue pas.
C’est-à-dire ?
Nos usines fabriquent de l’électroménager de lavage pour l’essentiel et aussi l’une d’elles des micro-ondes. L’offre de reprise ne concerne pas toute l’activité de production. C’est donc suite à cette offre de reprise trop insuffisante qu’on se retrouve devant Bercy à demander des comptes à notre ministre.
C’est une situation dramatique et récurrente qui frappe la majeure partie de l’industrie en France aujourd’hui n’est-ce pas ?
Je pense que l’on a aussi une problématique de volonté politique au niveau de l’industrie. En France, on sait qu’il y a une désindustrialisation importante. Trop importante. Le gros électroménager fait partie maintenant de cette industrie qui a tendance à disparaitre. Chacun d’entre nous à chez lui une machine à laver, du gros électroménager, voire même plusieurs machines de ce type, qui correspondent à des besoins réels. Ce sont des biens utiles et renouvelables, qui sont le standard des équipements des familles. Ces appareils ne devraient pas être fabriqués à des milliers de kilomètres d’ici, mais nous devrions pouvoir continuer à fabriquer l’électroménager qui couvre nos propres besoins. Il y a aussi la question de l’empreinte écologique. Fabriquer loin de la France et transporter les machines pour les vendre ici n’est pas écologique. La filière électroménager en France est donc source de nombreux emplois.
Ne devrions-nous pas mieux la défendre, la maintenir en pleine activité ?
C’est une industrie qui a de multiples métiers. C’est-à- dire qu’on sait travailler en France la plasturgie, la tôlerie, la sérigraphie, aussi la câblerie. Ce sont des métiers maitrisés ici et il y en a énormément. C’est aussi une industrie qui permet d’employer les jeunes, ne l’oublions pas. On pourrait largement employer une partie de la jeunesse dans cette industrie parce qu’on a besoin de personnes qui n’ont pas forcément de diplôme. Ca s’est vu dans le passé, on a formé énormément de gens. Des gens qui, petit à petit, se sont trouvés un avenir grâce à notre industrie. Et c’est cette idée là qu’on défend aujourd’hui dans la rue : nos emplois et notre vision de l’industrie. Ce que l’on demande à nos politiciens, c’est qu’ils prennent conscience qu’il n’y aura pas de baisse durable du chômage si on détruit des pans entiers de l’industrie, si on laisse partir ce savoir. On lutte aussi pour ça.