Notre camarade s’est éteint le mardi 3 août.

Aimé était un des grands dirigeants de la métallurgie et un militant politique d’envergure.

Né le 16 mars 1936, dans le milieu ouvrier du XIIe arrondissement de Paris, d’un père machiniste sur bois et d’une mère soudeuse, Aimé obtient son certificat d’étude en 1950 avant d’entrer sur concours à l’école d’apprentissage Renault. A quatorze ans, l’image de lutte et de militantisme de cette grande usine ne le déçoit pas. Dès son arrivée il lutte pour la libération d’Henri Martin et participe aux grèves violentes qui émaillent les années 1950, 52 et 53 à Billancourt. Titulaire de son CAP en 1953 il est ajusteur outilleur au département 37 dans l’Ile Seguin.

Il adhère à la CGT et au parti communiste en 1954. Mobilisé pour 30 mois en Algérie en 1956, il est nommé sergent en 1958, malgré son implication dans de multiples actions notamment à l’occasion de la rébellion de l’armée et de la venue au pouvoir du Général de Gaulle en 1958. De retour chez Renault en janvier 1959 il sera délégué du personnel de 1960 à 1963. La mobilisation massive des ouvriers de son atelier fait reculer la direction quand elle tente de le licencier pour propagande syndicale. En 1961, il devient secrétaire général adjoint du syndicat CGT de Renault Billancourt, membre de la direction fédérale de la métallurgie CGT et du comité de la Fédération Seine-Ouest du PCF.

Aimé, devenu permanent, quitte l’usine en mars 1963. Il suit l’école centrale de quatre mois du PCF en 1964 et sera élu secrétaire général du syndicat CGT du groupe Renault en France en mars 1967.

En Mai 1968, il participe aux initiatives d’occupation de l’usine de Billancourt qui dura 33 jours et 34 nuits à partir du 16 mai. Au nom des trois organisations syndicales CGT, CFDT, FO, il fait voter l’occupation et la grève reconductible aux 20 000 salariés présents. Avec la majorité des militants CGT il s’oppose à l’entrée dans l’usine des étudiants d’extrême gauche qui marchaient sur Billancourt. Le 27 mai, suite aux discussions de Grenelle, que la grande majorité des ouvriers jugeaient insuffisants, il propose la poursuite de la grève, la reprise du travail n’intervenant que le 18 juin après l’obtention d’améliorations internes à l’entreprise.

En 1972, il devient permanent de la Fédération CGT de la métallurgie, et membre du Bureau fédéral, responsable du secteur automobile. Mais en 1975, il retourne chez Renault pour retrouver la proximité avec les ouvriers et prend la direction en 1976 de la section du PCF de Renault Billancourt. Il venait, la même année, d’être élu membre suppléant du comité central du PCF avant d’être désigné titulaire au congrès de 1979 où il siégea jusqu’en 1987.

Sollicité par Georges Marchais en juin 1981, il rejoint la section économique et devient rédacteur en chef de la revue Économie et Politique. Il s’occupe également des questions sociales du secteur automobile de 1983 à 1990.

Mal à l’aise avec la participation des communistes au Gouvernement d’union de la gauche depuis 1981, Aimé exprima des divergences croissantes avec la direction du parti dès les années 1980. Opposé à ce qu’il appelait la « dérive européenne institutionnaliste » et à la « mutation » du PCF initiée par Robert Hue, il refuse la soumission à la social-démocratie et la politique privilégiant les élus au détriment de l’intervention des salariés dans les entreprises. En 1990 il quitte la section économique pour le secteur entreprise avant de rejoindre le secteur emploi du PCF en 1994.

En 1997, la rupture est consommée. Il crée avec d’autres militants l’organisation Rouges Vifs et participe à sa direction nationale avant de la quitter quelques années plus tard, suite à des désaccords internes.

Nous nous inclinons devant le parcours de notre camarade et nos pensées vont avant tout à son épouse Béatrice, à ses enfants et petits-enfants. Aimé était un militant à la fois impressionnant et attachant qui laissera un grand souvenir aux métallos.

Il nous reviendra dans les prochaines semaines, de créer les conditions pour lui rendre l’hommage qu’il mérite par son engagement déterminé, toujours sincère et fidèle à ses convictions.