Depuis sa création, la CGT n’a cessé de s’interroger sur sa structuration et son fonctionnement afin d’en améliorer l’efficacité. Si le sujet n’est guère aguichant, il est pourtant incontournable et délicat, dans la mesure où ces réflexions découlent des valeurs et des principes partagés par les syndiqués, des expériences vécues sur le terrain, des réflexions sur les moyens d’action et enfin des objectifs revendicatifs fixés.
La double structuration
La double structuration historique – territoriale et professionnelle – de la confédération a finalement peu évolué en plus d’un siècle, si ce n’est pour réaffirmer le rôle des unions départementales et renforcer les fédérations, par la fusion des métiers au début du XXe siècle et par un mouvement de rationalisation après les grèves de mai-juin 1968. C’est ainsi que notre fédération a vu le jour en mai 1909 par la réunion avec les fédérations du cuivre, des modeleurs, des chauffeurs-conducteurs, des mouleurs, puis dans les années suivantes, des mécaniciens, des ferblantiers et des ouvriers en voiture. Entre 1969 et 1973, est venue se joindre la fédération de la bijouterie, de l’horlogerie et des instruments de musique.
Des structures spécifiques
Des structures spécifiques sont également apparues au fil du temps, pour mieux prendre en compte certaines catégories du salariat, avec notamment des déclinaisons fédérales. Ainsi, les cadres et ingénieurs de la métallurgie se sont regroupés au sein d’un syndicat national (le SNCIM) à la Libération, tandis que les employés, techniciens, dessinateurs et agents de maîtrise de la métallurgie ont tenu leur première conférence nationale en avril 1970 et que l’Union fédérale des ingénieurs, cadres et techniciens de la métallurgie (UFICT) est officiellement constituée en janvier 1973. Pour les retraités de la métallurgie, l’Union fédérale (UFR) voit le jour en mars 1975.
Territoires et industries
La double structuration s’articule aussi au sein de la Fédération, même s’il n’a pas été toujours évident de faire vivre des structures territoriales, tout en assurant une coordination suffisante dans les branches industrielles et les grands groupes. L’assise est initialement territoriale, avec le syndicat local, avant que l’accent ne soit mis sur les Unions des syndicats des travailleurs de la métallurgie (USTM) à l’échelle départementale. La structuration industrielle s’appuie pour sa part sur la mise en place de commissions nationales de branche à partir du Front populaire, ainsi que sur la création de coordination de groupe après la Libération. Après les grèves de mai-juin 1968, de nouvelles perspectives s’ouvrent. L’accent est mis sur les syndicats et sections syndicales d’entreprise et la direction de la Fédération réfléchit à une éventuelle décentralisation industrielle, avec la création de fédérations d’industrie (sidérurgie, automobile, aérospatiale, construction navale, électronique, construction électrique, mécanique), coordonnées par ce qui peut s’apparenter à une mini-confédération de la métallurgie. Si ce projet n’aboutit pas, il contribue à renforcer la capacité d’analyse économique et sociale au niveau des branches, un atout précieux face à la politique patronale et gouvernementale de casse industrielle des décennies suivantes.
L’évolution des structures syndicales est un débat toujours ouvert, qui mérite que chacun s’y investisse. L’éclairage de l’histoire étant toujours enrichissant, l’Institut CGT d’histoire sociale organise les 21 et 22 novembre prochains, à Montreuil, un colloque sur « le syndicalisme professionnel, organisation et structures (de 1960 aux années 2000) ». Notre IHS sera l’un des intervenants. N’hésitez pas à y participer !