Emeric Tellier, archiviste de la fédération et membre de l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie (IHS-M) nous propose de découvrir Le Métal au cœur, un livre à paraître sur l’histoire de notre organisation syndicale, de ses combats et de ses luttes.

Pourquoi un tel projet ?

Voilà plusieurs années que l’on constate des récupérations grossières de l’histoire, comme « Ambroise Croizat était contre les régimes spéciaux [de retraite] » ou bien « Jean Jaurès aurait voté Front national ». Dans le même temps, bon nombre de nos adhérents connaissent peu ou mal l’histoire du syndicalisme, ce qui est une vraie faiblesse en ces temps de remises en cause de nos libertés et de nos droits, individuels comme collectifs. C’est pour aider à surmonter cette situation que l’IHS-M a proposé il y a un an à la direction fédérale de réaliser un ouvrage abordant les grandes étapes de l’histoire de la Fédération CGT des Travailleurs de la métallurgie, de ses origines à nos jours.

Quelle forme prend ce livre ?

Après une journée de boulot ou pendant son week-end, on n’a pas forcément envie de se plonger dans un livre d’histoire. C’est pourquoi l’écriture se veut accessible à toutes et tous, même sans connaissances particulières. L’ouvrage est découpé en neuf chapitres chronologiques avec, à chaque fois, des focus sur une lutte emblématique et des encarts spécifiques consacrés à des questions d’organisation. Enfin, nous comptons sur les quelques quatre-vingts reproductions de photographies, d’affiches et de matériel syndical pour rendre la lecture agréable.

En balayant plus d’un siècle d’histoire, que pouvons-nous retenir ?

Qu’aucune période n’a été simple ! Si les années sombres de l’Occupation nazie et de la collaboration du régime de Vichy ont été terribles, la répression patronale et gouvernementale a été une constante de l’histoire syndicale. Brimades, licenciements, violences physiques lors des grèves et des manifestations, condamnations pénales, ce que nous vivons actuellement fait écho avec le passé.

Malgré cela, on peut affirmer, après s’être plongé dans cette histoire, que notre pays aurait un visage bien différent si notre syndicalisme n’avait pas existé, si des femmes et des hommes n’avait pas refusé de courber l’échine. Par leurs luttes, ils ont affirmé leur dignité et gagner les droits individuels et collectifs dont nous bénéficions encore aujourd’hui.

Ce qui est apparaît clairement, c’est que notre organisation n’aurait pu vivre sans l’engagement de celles et ceux qui l’ont fait vivre, de la section syndicale aux unions internationales. En permettant aux salariés de ne plus subir leur condition, d’influer sur leur devenir, le syndicalisme a été et reste un outil puissant d’émancipation et de confiance. Cette dimension doit être réaffirmée, en particulier aujourd’hui auprès des salariés confrontés à un travail qui perd de son sens, sous la pression de la course aux profits.

En quoi ce livre peut aider dans l’activité syndicale quotidienne ?

Le passé constitue un formidable réservoir d’expériences et d’inspirations pour aujourd’hui. Non pas pour soupirer sur « les temps bénis » ou sur le « c’était mieux avant », mais bien pour enrichir ses propres réflexions, pour mieux saisir l’importance des conquêtes arrachées et les méthodes mises en œuvre pour y parvenir. Défendre la revendication d’une convention collective nationale pour l’ensemble des métallurgistes, sans connaître les réflexions et luttes menées par la fédération et ses organisations depuis les années 1930, c’est à coup sûr se priver d’arguments pour convaincre les salariés de son bien-fondé. Pour tous les aspects de l’activité syndicale, l’histoire est une alliée précieuse.

Pour se le procurer, comment cela se passe ?

La sortie officielle est prévue durant la première quinzaine du mois de janvier 2021, au prix de 19,90 euros. L’ouvrage sera disponible auprès de l’Institut CGT d’histoire sociale de la métallurgie (94 rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris | ihs.gas@free.fr | 01 53 36 86 38).