Depuis plusieurs mois, la direction de la SMART essaie de faire passer le « Pacte 2020 », qui prévoit notamment un retour aux 39 heures travaillées, payées 37 et une diminution des jours de RTT pour les cadres. En échange, elle s’était engagée à ne procéder à aucun licenciement économique d’ici à 2020. Un sondage interne, purement consultatif, avait été instigué par la direction en septembre dans cette usine, installée en Moselle à la frontière allemande et qui produit les véhicules biplaces de la marque. Les opérateurs de productions « modulants » ont voté contre à 61 % et les Ingénieurs, Cadres et Techniciens «non modulants» ont approuvé à 74 %.
Le 27 octobre, la direction a fait signer un accord augmentant progressivement le temps de travail à 39 heures d’ici à 2018 par la CFE-CGC et la CFTC. La CGT et la CFDT fortes de 56 % de représentativité syndicale, se sont opposées à l’accord. Pour contourner cette opposition, la direction a usé de ses talents de maître chanteur en menaçant les travailleurs du site d’un PSE en 2016 et de délocalisation avec fermeture de l’entreprise en 2018.
Le 10 décembre pour parvenir à ses fins, la direction poursuit sa manœuvre en imposant la signature d’avenant individuel au contrat de travail pour mettre en œuvre son «Pacte 2020».
La condition de mise en œuvre unilatérale de cette décision de l’employeur reposait sur l’acceptation de 75% des salariés de l’entreprise.
Le 16 décembre, le résultat tombe avec plus de 90% de salariés ayant signé leur avenant. Les mesures du «Pacte 2020» seront mises en application dès le début de l’année prochaine. La CGT comprend le désarroi des salariés. Nous ne pouvons pas reprocher à ces derniers d’avoir signé l’avenant. Le chantage exercé par la direction, la pression médiatique, le contexte de crise et d’austérité, la peur de perdre son travail. Pour la CGT il s’agit d’un recul social dont sont victimes les salariés du site Hambach.
La CGT dénonce :
• Les pressions exercées par la direction auprès des salariés lors du premier sondage.
• La campagne médiatique orchestrée par la direction de l’entreprise et du patronat sur le dos des salariés de SMART.
• Les pressions exercées par la direction auprès des salariés lors de la remise de l’avenant pour obtenir leur signature.
• Les pressions auprès des élus et même de leurs fédérations toujours orchestrées par la direction.
• Le chantage aux licenciements et à la délocalisation de production.
Une augmentation du temps de travail injustifiée sur le plan économique
• SMART appartient à un groupe disposant d’une assise financière très solide avec des perspectives de croissance de ventes fortes.
• Le groupe Daimler-Benz affiche un chiffre d’affaires 33,1 milliards d’euros en hausse de 10% et réalise 3.7 milliards d’euros de bénéfices (contre 2.2 milliards à la même période en 2013).
Comment peut-on obliger les salariés à passer à 39 heures, alors que sur l’année 2014, le niveau d’activité du site restreint la durée du travail à 33 heures par semaine et qu’à ce jour l’activité n’a toujours pas augmenté ? La direction du groupe n’a-t-elle pas cherché uniquement à faire un exemple du site pour démontrer qu’elle peut faire plier les salariés face à ces exigences ?
Sous prétexte d’économies minimalistes, l’enjeu de la direction SMART est bien d’accroître la rentabilité financière par le biais de la flexibilité du travail.
La CGT dénonce :
• La détérioration des conditions de travail.
• Les conséquences néfastes sur la vie de famille avec l’étalement des plages horaires.
• La perte de salaire subit par les salariés qui travailleront 39 heures et seront payés 37 heures.
• L’absence de justification économique de ce projet SMART dans un groupe disposant d’une assise financière très solide avec des perspectives de croissance.
Selon notre analyse, SMART pourrait avoir de belles perspectives futures. Le gouvernement met le diesel sur le banc des accusés et les enjeux environnementaux sont au cœur des préoccupations des citoyens. La production de SMART peut y répondre par des investissements en R&D pour produire un nouveau véhicule afin d’étoffer la gamme SMART et ne plus rester sur un mono-produit.
L’allongement du temps de travail n’est pas la réponse. Il faut investir dans la recherche et le développement, la formation, et les moyens industriels. L’avenir de l’industrie, c’est les 32h : travailler moins, travailler tous et travailler mieux ! Contrairement aux idées reçues, la réduction du temps de travail est une réalité de longue date : entre 1970 et 2010, la durée réelle du temps de travail est en baisse dans tous les pays de l’OCDE.
Durant ces trente dernières années, aucun autre dispositif que les lois sur les 35 heures n’a permis la création d’emplois massifs combinée à la croissance et au dynamisme du dialogue social. Mettre en place les 32 heures hebdomadaires c’est donc créer de l’emploi rapidement, massivement. C’est relancer la croissance, notamment par la consommation, en remettant dans le jeu des millions de personnes qui sont actuellement privées d’emploi, qui subissent le temps partiel et la précarité. Le passage réel à 32 heures est potentiellement source de création de 4 millions d’emplois.
Le financement du passage aux 32 heures pourrait être assuré, d’une part, par la réorientation des exonérations de cotisations sociales et des aides publiques évaluées aujourd’hui à 10 points de PIB et, d’autre part, par la dynamique de croissance qu’engendreront les créations d’emplois. Les ressources nouvelles seront apportées par les emplois créés, la résorption des inégalités salariales et de temps de travail entre femmes et hommes, la croissance, l’amélioration de la santé des travailleurs.
Réduire le temps de travail, c’est aussi anticiper les nouvelles ruptures technologiques comme l’arrivée massive du numérique dans nos économies et nos industries. L’industrie a donc un bel avenir tout comme SMART, à condition que les décisions les plus cohérentes socialement et économiquement soient prises par la direction. Nous ne sommes pas encore sur ce chemin, la CGT y travaille avec le soutien des salariés de SMART.
La CGT remercie les 10% des salariés qui ont rejeté le chantage de la direction et apporte son entier soutien aux élus CGT et CFDT pour leur engagement dans l’intérêt des salariés et non celui des financiers.