A Imphy, petite ville de Bourgogne, trois entreprises sont voisines APERAM, Ugitech, Aubert et Duval. Environ 1 000 salariés au total dans ces aciéries et laminoirs. Pour porter leurs revendications, souvent proches, pour organiser la mobilisation, les militants de la CGT ont créé un syndicat de site.

Quand un syndicat s’empare des négociations
Très attachés aux garanties collectives, ils ont pris à bras le corps le sujet des négociations nationales. Ils ont régulièrement informé les salariés de leur état d’avancement (Echo des négos, vidéos, tracts…) et notamment les 28 et 29 juin derniers où ils ont appelé à la grève dans le cadre des journées d’action fédérale et interprofessionnelle. Les salariés ont largement répondu présents et la grève a fortement paralysé la production d’APERAM sur cette période. De quoi agacer la direction qui s’est sentie obligée de faire le tour des ateliers pour tenter de discréditer les camarades en affirmant que la CGT racontait n’importe quoi. Toujours selon la hiérarchie, le déroulement de carrière, les seuils d’accueils des diplômes ne seraient pas menacés par ce qui est prévu dans le projet d’accord national sur les classifications. Les 340, voire 500 heures supplémentaires chaque année serait un fantasme… Bref de quoi déboussoler les salariés qui en quelques jours ont pu entendre tout et son contraire.

Ne jamais rien lâcher
Mais c’était sans compter sur la pugnacité des militants CGT qui ont décidé de poursuivre l’information sous une forme nouvelle en organisant une rencontre débat avec des membres de la délégation CGT qui participent aux négociations nationales. Nouvel appel à la grève donc en ce mois de septembre et pendant plus d’une heure, les salariés ont pu échanger et poser des questions sur des sujets majeurs dans leur quotidien : les classifications et le temps de travail. Texte à l’appui, les salariés ont pu constaté que le patronat avait bel et bien décidé de s’attaquer à leur reconnaissance dans l’entreprise en faisant le choix de classer les postes de travail et non plus les femmes et les hommes qui les occupent, niant ainsi leurs savoirs et savoir-faire, leurs diplômes et leur expérience. Idem sur le temps de travail, où la possibilité de monter les heures supplémentaires à 340 voire 500 chaque année a pris tout son sens eu égard à la dureté et la pénibilité du travail dans les aciéries.
Cet échange a permis de redire aux salariés combien leur mobilisation au sein des entreprises est nécessaire pour faire grandir le rapport de forces dans ces négociations et faire aboutir notre revendication d’une convention collective nationale de haut niveau social. Un seul regret peut-être : l’absence totale de contradicteurs qui ont préféré esquiver le débat. A Imphy le travail de terrain se poursuit, les adhésions se multiplient (plus d’une dizaine en cette rentrée) et les métallos ont pris date des prochains temps forts de mobilisation proposés par la fédération.