Le groupe KME vient d’annoncer officiellement le 7 juillet dernier, en comité central d’entreprise, sa volonté de fermer son usine de Givet, dans les Ardennes, au terme du délai qu’il s’était donné pour trouver un repreneur pour ses activités « cuivre » sur le périmètre français. Cette annonce a été faite par le nouveau PDG de la branche française, Dominique Dexant, lequel compte sur sa carte de visite la fermeture de l’usine Camiva à Chambéry.

La CGT, ces derniers mois, n’a eu de cesse d’alerter, jusqu’au gouvernement, quant à la politique industrielle désastreuse menée par le groupe KME, uniquement axée sur la préservation des marges financières des actionnaires, avec des orientations stratégiques contestables.

Le Groupe KME par son actionnaire principal Vincenzo Manes (conseiller du 1er ministre italien Matéo Renzi), avait déjà affiché son intention de se séparer de sa filière cuivre ou de la fermer, dans un courrier officiel envoyé au premier ministre M. Valls et ministre E. Macron en février dernier. La demande de rencontre bilatérale, adressée par la CGT à la même période au ministère de l’Économie, est restée lettre morte !! Deux offres de reprise, la première française, la seconde finlandaise, ont avorté.

Ce sont manifestement des problématiques de financement qui ont condamné ces propositions de reprise. Le groupe envisage désormais la fermeture de l’unique usine française productrice de tubes à destination des secteurs du bâtiment et de la climatisation, usine intégrant également l’une des dernières fonderies cuivre de France. Cela pose clairement un problème de souveraineté nationale sur ce secteur, riche de plus de 2 siècles d’accumulation de savoir faire sur le sol français.

Nous ne pouvons que nous interroger sur le comportement du gouvernement dans cette affaire. En effet, une commission d’enquête parlementaire a rendu en juillet 2013 des recommandations pour pérenniser les filières acier, aluminium, et … cuivre.

Citons celle qui nous intéresse : « Assurer par l’existence de filières de la sidérurgie, de l’aluminium et du cuivre « complètes » la sécurité d’approvisionnement des activités de transformation « en aval » dans lesquelles notre pays doit conserver ses positions, s’agissant notamment des secteurs de l’aéronautique, de l’automobile, plus généralement des transports, du nucléaire, des câbles et de la construction. Cet ensemble d’activités doit continuer à s’appuyer sur ce socle industriel pour proposer des produits innovants à fort potentiel exportateur. »

Rappelons que les conclusions de cette commission d’enquête toute récente ont été approuvées à l’unanimité de ses membres, tous partis confondus. Ce rapport pointait notamment le rôle de la BPI pour faciliter les opérations de capitalisation des groupes et filières clés, permettant en même temps de s’ingérer dans la stratégie menée.

Comment dès lors interpréter l’attitude passive du gouvernement sur ce dossier, alors que cette filière cuivre répond à des besoins dans l’industrie, y compris sur le territoire de Givet, constituant par là même une référence en matière d’économie circulaire, avec une recyclabilité parfaite ?

La CGT compte interpeler à nouveau le ministère de l’économie concernant cette nouvelle attaque contre notre industrie, et lui demander instamment d’intervenir pour contrer cette fermeture programmée, laquelle supprimerait à terme 280 emplois, aggravant la situation économique et sociale dans la pointe des Ardennes, déjà fortement touchée par le chômage de masse.

Elle appelle les salariés du groupe KME à se mobiliser massivement pour gagner le maintien et le développement des outils de productions, la relance des investissements, de la recherche, et de l’emploi dans une filière structurante.