Après la période des congés, les négociations sur le nouveau dispositif conventionnel de notre branche ont repris, vendredi 8 septembre, avec deux sujets au menu : les salaires mini des ingénieurs et cadres, le temps et l’organisation du travail du nouveau dispositif conventionnel.
La clause dite de « revoyure » des salaires minima des ingénieurs et cadres 2017.
Depuis plusieurs années, il est inscrit dans l’accord de négociation des mini IC, la tenue d’un rendez-vous à mi-année ayant pour but d’examiner la possibilité d’une réouverture des négociations dans le cas où les critères économiques, pris en référence lors de la négociation, auraient évolué positivement et en permettraient une revalorisation. La CGT n’est pas favorable à cette clause de revoyure considérant qu’elle revêt de fausses perspectives dans le cadre d’une négociation trop souvent expéditive. On peut toutefois féliciter nos interlocuteurs de l’UIMM pour la qualité de la présentation liminaire à notre discussion. En effet, l’habitude est de nous projeter des données sans rapport direct avec le sujet à négocier tels que les chiffres du tourisme en Turquie !
Pour cette fois, la présentation fut plutôt positive et assez cohérente avec les données sociales et économiques sur lesquelles nous nous sommes basés lors de notre préparation à cette négociation, soit une situation économique encourageante laissant entrevoir une stabilité et des possibilités que nous n’avons pas connues depuis longtemps. Notre bilan préparatoire guidant notre intervention en négociation porte sur des fondamentaux biens connus telle que la nécessité d’une revalorisation du travail pour une relance de l’économie en cassant la spirale de la déflation. Alors que depuis 30 ans les mini IC ont perdu 30% de leur valeur par rapport au SMIC et que les marges des entreprises sont remontées à 32% de la valeur ajoutée contre 30% en 2013, la France conserve la position du plus gros pourvoyeur de dividendes en Europe avec plus de 40 milliards de dollars versés. L’évolution de 2% constatée de la rémunération des cadres ne suffit pas à revaloriser le travail et à rendre les métiers attractifs notamment auprès des jeunes. Nous aurions pu nous attendre à une conclusion différente du couplet standard ! Mais non ! Malgré notre insistance à rappeler nos attentes et à mettre l’UIMM face à ses incohérences, sa réponse ne varie pas.
« Quand ça va pas, on peut pas et quand ça va mieux, on peut pas non plus ! » tout est logique !
La première réunion sur le temps et l’organisation du travail dans la branche.
Petit rappel : depuis septembre 2016, nous avons engagé cette négociation en traitant deux thèmes alternativement, le socle commun (l’architecture et le mode de fonctionnement du futur dispositif…) et les classifications. Le premier thème a été mis en réserve, quant aux classifications, la prochaine réunion de négociations aura lieu le 22 septembre.
C’est donc un nouveau round de négociations qui s’est ouvert sur un thème important pour la qualité de la vie au travail et la santé des salariés.
Après un an de négociations, la CGT a fait le constat que, jusqu’alors les organisations syndicales de salariés étaient certes écoutées poliment mais pas entendues. La délégation a donc proposé une nouvelle méthode pour que cette négociation s’appuie sur les propositions des représentants des salariés et pas seulement sur le cahier revendicatif du patronat.
Une méthode en 5 temps :
- Etablir un état des lieux de la durée et de l’organisation du travail dans la métallurgie, à partir d’un panel d’entreprises et de groupes choisis paritairement et représentatifs des filières de la branche.
- Auditionner des « experts » extérieurs proposés par les acteurs sociaux de la branche (économistes, sociologues, ergonomes, médecins du travail…).
- Organiser un vrai débat sur les propositions revendicatives de l’ensemble des parties.
- Rédiger conjointement le projet d’accord.
- Négocier.
Face aux enjeux humains et industriels soulevés par les questions de temps et d’organisation du travail, seule la délégation CGT a porté l’idée d’une négociation ambitieuse débouchant sur un accord normatif, pour une branche innovante tournée vers le progrès social et allant dans le sens de l’histoire, celui de la diminution du temps de travail. Sur le fond, les enjeux sont importants. Seule une industrie forte est en mesure de tirer l’économie nationale vers la croissance et le plein emploi de qualité pour répondre aux besoins. Cela nécessite de maintenir et de développer les compétences, les savoir-faire, les qualifications et de tenir compte de l’impact des évolutions technologiques. Notre branche va également être fortement touchée par les départs massifs en retraite au regard de la pyramide des âges.
Ce qui doit nous importer, ce sont les 18 millions de personnes à la recherche d’un emploi qui leur correspond. Le temps de travail moyen d’un salarié à temps complet, dans le privé, c’est 39 heures et 44 heures pour un cadre. Chaque année, des milliers d’heures ne sont ni déclarées ni payées et ni majorées. La RTT à 32 heures, c’est un potentiel de 4 millions d’emplois créés et depuis 1970, tous les pays de l’OCDE ont réduit le temps de travail. C’est aussi l’occasion de poser la question de l’organisation du travail et du mal travail qui coûte 80 milliards d’euros par an. Il faudra aussi traiter la question de l’évaluation de la charge de travail, du bornage du temps de travail effectif et du droit à la déconnexion. Force est de constater que l’UIMM n’est pas sur la même longueur d’onde ! Pour le patronat de la métallurgie, cette négociation devrait se résumer à un simple toilettage de texte pour simplifier et se mettre en conformité avec la loi. Mais, c’est un toilettage en trompe l’œil. L’objectif inavoué de l’UIMM, c’est de mettre en œuvre la loi El Khomri dans la branche qui renvoie presque tout à la négociation dans l’entreprise sur cette question du temps et de l’organisation du travail, sans aucun filet de sécurité pour les salariés… Bref la jungle ! Sur la méthode, l’UIMM a rejeté nos propositions, mais en a fait de nouvelles pour une négociation menée dans un tempo différent ; une réunion le 17 novembre sur la base d’un « texte martyr » et une séance de négociations de plusieurs jours en janvier 2018. D’ici là, le gros morceau c’est évidement la question des classifications et la volonté de l’UIMM de ne plus reconnaitre les diplômes, l’expérience en classifiant des postes et des fonctions tenus au lieu des qualifications et ce pour ne pas payer la force de travail avec des salaires décents. L’urgence, c’est donc bien de construire la mobilisation pour gagner une véritable convention collective nationale avec des garanties collectives de haut niveau social. Rendez vous à Paris, le 13 octobre.