Quitter son travail, la place que l’on occupait, les personnes avec lesquelles des liens s’étaient tissés représentent toujours une perte.
On doit en faire le deuil pour pouvoir retrouver une autre place et nouer d’autres relations sociales.
Cela dit, il y a une nette différence de vécu si le passage à la retraite amène un gain de liberté et une amélioration de la santé ou si cela produit un choc, une perte de pouvoir, et une impression de vide, passagère ou durable (risque de dépression).

Si la retraite constitue bien une rupture avec le monde du travail, libératrice ou douloureuse, les travaux convergent pour établir aussi une continuité avec la vie professionnelle ou les activités menées auparavant.
La préférence va à des attitudes, des activités déjà connues et faisant appel à l’expérience.
Cela peut aller jusqu’à un substitut du travail presque à l’identique pour certaines catégories de salariés comme pour des journalistes, des enseignants ou des cadres, mais dans le domaine public cette fois.
Les travaux des sociologues, souvent très déterministes et donnent à penser qu’un centre intérêt qui n’est pas apparu pendant la vie active n’existera pas non plus une fois à la retraite !
On s’en serait douté, un bon niveau d’instruction, une solide estime de soi, sans oublier un bon pouvoir d’achat… favorisent l’adaptation au nouveau statut de retraité et, bien entendu, à l’opposé le manque de liens sociaux, un sentiment d’inutilité, une pension faible peuvent rendre le passage difficile.
Dans les années 60 à 80, il n’était proposé aux retraités que des activités spécifiques ou dans des lieux dévolus aux anciens, comme les clubs du 3ème âge.

Aujourd’hui, non seulement les retraités sont à la recherche d’une «utilité sociale» mais ils ne veulent pas d’occupations spécifiquement liées à l’âge, ils veulent une véritable insertion sociale et des liens avec toutes les générations.
En général, les conditions de vie que les nouveaux retraités ont connues ont été meilleures que celles des générations précédentes.
Le désir d’expression de soi est plus fort, y compris dans les milieux populaires.
Une association sur deux propose des activités dans les domaines artistique ou sportif.
Les innovations techniques qui rentrent dans la maison (Internet, Dvd, Vod, etc.) sont en forte augmentation, milieux populaires inclus, et ont entraîné une recomposition des loisirs, à quoi s’ajoute l’essor des voyages touristiques.
Pour autant des différences générationnelles, géographiques et culturelles persistent.

En particulier, l’accès à la culture qui reste très inégalitaire.
Les ouvriers, pour leur part, ont davantage besoin de rupture avec leur vie professionnelle compte tenu de ce qu’a été leur travail (aliénant).

Les valeurs du travail et des loisirs ont été vécues en opposition, la faveur allant aux loisirs qui ont été multipliés par quatre au cours du XXe siècle.
Les retraités mariés des milieux populaires, aux revenus moyens, seraient davantage tournés vers la famille et les amis, tout en pratiquant des loisirs comme le sport mais peu d’activités culturelles.
Ceux et celles qui sont les plus impliqués dans les loisirs activités culturelles valorisées socialement (concerts, piano..) appartiennent aux couches moyennes et supérieures.
Nous n’avons pas trouvé de travaux spécifiques sur le passage à la retraite et les occupations des immigrés retraités.
Sauf une petite enquête sur la question de savoir s’ils se sont intégrés ou non dans la société française où il apparait que la réponse est plutôt positive, sauf pour les Algériens qui sont plus « mitigés » sur le bilan.
Cela dit, la grande majorité d’entre eux ne désireraient pas que leurs enfants fassent la même chose ou le même parcours qu’eux.

Rester ou repartir dans leur pays d’origine, telle était la question des travaux.
Le retour des immigrés du Maghreb ne s’effectue souvent qu’au moment du décès.
Etre enterré dans la terre des ancêtres permettrait de se réconcilier avec la terre natale et d’effacer la culpabilité liée à l’exil !

Pour les femmes retraitées, sauf à prendre pour acquis que n’ayant pas eu comme occupation principale leur «carrière», s’adapteraient mieux à la retraite.

C’est la même chose : que font-elles du temps libéré ?
Outre leur rôle de « soignante familiale », les travaux ou articles portent surtout sur les discriminations dont elles sont l’objet dans leur vie active et à la retraite (faible pensions, nombre d’annuités insuffisant…).
Certains évoquent l’enfermement des individus dans des loisirs « de masse » qui relèvent de logiques marchandes, et affaiblissent la résistance à l’« asservissement idéologique ». Les retraités n’y échappent pas.

Pour autant, le temps libéré est bien une conquête sociale à consolider de façon à limiter l’emprise des marchés.
Quelles propositions avancer pour une retraite plus égalitaire en matière en particulier d’accès à la culture ?
Si vous souhaitez nous faire part de votre vécu, témoigner de votre propre expérience, faire des propositions, écrivez-nous à l’UFR Métallurgie, 263 rue de Paris, 93514 Montreuil cedex ou par mail ufr@ftm-cgt.fr.