Paix et désarmement sont l’un des fils rouge revendicatifs de notre organisation. Cette position, expression de nos valeurs de solidarité, de fraternité et de bien-être, n’a pas toujours été évidente à tenir, ne serait-ce qu’en raison du rôle joué par l’industrie métallurgique dans l’armement. Elle n’en reste pas moins cruciale aujourd’hui, en des temps où, pour reprendre Jean Ferrat, « c’est partout le bruit des bottes, c’est partout l’ordre en kaki. »

La paix, au plus fort de la guerre

Le syndicalisme révolutionnaire, qui domine politiquement la CGT au début du XXe siècle, est fermement antimilitariste et pacifiste. Mais la « grève générale contre la guerre » n’eut jamais lieu en 1914 et le mouvement syndical se rallia à l’unité nationale avec la bourgeoisie. À l’exception de la Fédération des métaux, au travers de son secrétaire général Alphonse Merrheim, qui fut l’une des rares organisations, avec celles du tonneau et des instituteurs, à refuser « l’union sacrée ». Elle s’engagea pour une paix immédiate, sans vainqueurs ni annexions, selon la position définie lors de la Conférence internationale de Zimmerwald de 1915 et dont l’appel fut publiée par L’Union des métaux, organe de la Fédération. Cet engagement se prolongea après guerre, contre l’intervention hispano-française contre l’éphémère république du Rif au Maroc (1919-1926) et contre l’occupation franco-belge de la Ruhr en Allemagne (1923).

La lutte antifasciste

Espagne, juillet 1936. Le général Franco déclenche un coup d’état contre le gouvernement de front populaire élu six mois plus tôt. Alors que le pays bascule dans la guerre civile et que l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste interviennent aux côtés des franquistes, les gouvernements européens se veulent « neutres ». La CGT s’engage alors dans une formidable campagne de solidarité, accueillant les familles réfugiées, fournissant des vivres, des médicaments, des véhicules, mais également des armes et des combattants.

L’engagement anticolonial

Les guerres au Vietnam (1946-1975) et en Algérie (1954-1962) ont été âprement combattues par la CGT, au travers de manifestations, de déclarations, de conférences de presse, mais aussi par des actions concrètes de solidarité, comme le blocage de trains ou de navires convoyant des soldats et du matériel militaire, l’abandon de commandes militaires par certaines entreprises, ou encore l’envoi de vivres et de matériel. Pour cet engagement, certains connurent la prison, comme Henri Martin ou Raymonde Dien, d’autres perdirent la vie, à l’instar des victimes des manifestations du 14 juillet 1953 ou du 8 février 1962.

Non aux armes nucléaires !

Dès le début des années cinquante, la CGT se prononce pour l’interdiction de l’arme nucléaire et la destruction des stocks existants. Elle participe activement à populariser l’appel de Stockholm lancé par le Comité mondial des partisans de la paix. Un demi-milliard de signatures furent recueillis à travers le monde, dont 14 millions rien qu’en France. Son opposition à la détention de l’arme nucléaire, comme aux essais nucléaires ne s’est jamais démentie depuis, en témoigne sa participation en 1995 à la campagne unitaire contre la reprise des essais à Mururoa, en Polynésie française.

Un débat toujours d’actualité

Si la CGT reconnaît la nécessité de la défense du territoire et de l’indépendance nationale, elle revendique aujourd’hui encore la paix et le désarmement. La France a mené depuis 1963 plus de 200 opérations militaires, dont certaines sont toujours en cours, en Irak, en Syrie ou encore au Sahel. Elle est l’un des principaux pays exportateur d’armes, dont certaines, vendues à l’Arabie Saoudite, ont été récemment utilisées contre des civils au Yémen.

S’opposer à la politique internationale du gouvernement implique d’alimenter la réflexion et le débat, avec les salariés et la population, sur ce qu’implique ces revendications : la préservation de l’emploi, grâce à des projets de reconversion ou de diversification industrielles, la satisfaction des besoins sociaux à l’échelle internationale, par un véritable développement économique fondée sur la coopération et la solidarité.